A L’ÉCOUTE DES ENFANTS ET ADULTES MALTRAITÉS
19 septembre 2022DES FAVELAS, DU RÉEL
19 septembre 2022DÉCOHÉRENCE
Auteur de l’article : Tristan Foulliaron
DÉCOHÉRENCE
Texte général et technique.
Ce texte essai de sensibiliser les psychologues sur la clinique d’aujourd’hui en accentuant le Réel et non le Symbolique afin d’appréhender les nouvelles cliniques y compris celles des maltraitances.
INTRODUCTION
Bien des psychanalystes se risquent actuellement dans des pratiques complexes, difficiles, souvent innovantes, qu’il s’agisse, par exemple, de l’abord des maltraitances, des toxicomanies ou des maladies rapidement létales -problèmes amplifiés par les vacillations des repères sociaux classiques.
Ils se heurtent à des difficultés cliniques – quel dispositif inventer, par exemple, lorsqu’un patient ne peut associer, lorsqu’on travaille en institution, ou lorsque l’attention flottante et la neutralité bienveillante doivent, à certains moments, faire place à une implication, à un engagement de l’analyste, au-delà même de ce qu’il croyait avoir traversé dans sa formation d’analyste… ?
Les difficultés sont aussi théoriques : Freud et Lacan, confrontés à ces problèmes et aux butées de l’analyse, ont proposé dans leurs derniers textes des ouvertures, des pistes de recherches ou des modèles : constructions, RSI, Sinthôme ont ainsi pu frayer des chemins ou donner des appuis pour penser les choses -sans être des modèles.
Mais ces questions ne sont-elles pas toujours d’actualité, voire réactivées ?…Par exemple : qu’en est-il réellement du « roc d’origine », de l’insupportable féminité ?…peut-on induire la fabrication d’un Sinthôme – tout le monde n’est pas Joyce, et il n’avait pas attendu un psychanalyste pour construire le sien-… ? Ne conviendrait-il pas, certes de relire Freud avec Lacan, mais aussi Lacan avec Freud, pour tenter de s’y repérer au plus près de la clinique ?
Le risque serait grand en effet de dériver dans des pratiques plus ou moins « inspirées » de la psychanalyse, voire de confondre psychanalyse et psychothérapie, ou encore de se figer dans un dogmatisme favorisé par des pratiques trop exclusivement didactiques : les exemples ne manquent pas…
Et pourtant, des psychanalystes « portent » la psychanalyse dans des lieux qui mettent leur désir à dure épreuve : Mais, si celle-ci se réinvente à chaque acte avec des patients, s’agit-il encore de psychanalyse, et pourquoi ? Et quelles sont les difficultés théorico-cliniques rencontrées actuellement ?
ANALYSE AVEC FIN ET ANALYSE SANS FIN. LES CONSTRUCTIONS EN ANALYSE.
Dans ces textes, Freud [1] précise ce qui fait obstacle à l’analyse et, entre autres points, il insiste sur le facteur économique : Puissance irrésistible des pulsions, faiblesse et modifications du moi, dit-il, … comme si, au-delà d’un certain rapport quantitatif, il se produisait une modification qualitative qui fait qu’on change de monde – impossible alors de dominer, de dompter les forces du ça malgré l’influence exercée sur le patient – et certains traumatismes [2] altèrent profondément, disloquent, restreignent, les mécanismes mêmes du moi. Facteur économique qui montre l’importance du Réel : le Symbolique ne tient guère, et c’est en ce sens que, pour ces patients, le Symptôme vient en place de Réel. Freud indique ce que produit le Réel dans la structure.
Et puis, ajoute Freud, que faire lorsque l’analysé ne peut loger tous ses conflits dans le transfert ? ..Lorsqu’on a accru son savoir sans que rien ne change ? … Lorsque échoue la collaboration avec un moi trop perturbé, déchiré ? …Lorsque des transferts négatifs abolissent totalement la situation analytique ? …Lorsque l’héritage archaïque, les traces héréditaires -le futur « transgénérationnel »..- dans le ça, sont trop destructeurs et au service de la mort ? Ces questions ont-elles trouvé des réponses ?
Il aborde encore un autre point, qui intéresse directement l’analyste : que faire lorsque celui-ci est confronté aux dangers de l’analyse, c’est-à-dire lorsque ses revendications pulsionnelles sont arrachées à leur sommeil, du fait du commerce incessant avec le refoulé – ou, pourrait-on ajouter, lorsqu’il y a « rencontre dans le réel » ? … ou lorsqu’il a affaire à des forces destructrices violentes qui visent précisément le sujet en tant que tel, et qui inhibent, anéantissent, ses possibilités d’écoute inventive ?
Enfin, dit encore Freud, si la correction après-coup du processus de refoulement originaire, laquelle met fin à la puissance excessive du facteur quantitatif, est l’opération proprement dite de la thérapie analytique, faut-il pour autant dire que la psychanalyse trouve ses limites lorsque cela s’avère impossible ? Et, si l’on peut composer avec ses symptômes, peut-on réellement modifier le refoulement originaire ?
Freud propose, devant ces difficultés qui n’ont guère varié, ce qu’il appelle des constructions : elles activent, dit-il, la poussée vers le haut du refoulé ou des traces mnésiques significatives -mais ce peut être au risque de délirer, ou d’induire ce qui pourrait être pris pour des hallucinations, soulignant en cela la proximité clinique du délire avec le processus même des constructions. On comprend les réticences des analystes à se lancer dans une telle démarche, Ferenczi l’a bien montré.
Constructions, non pas, certes, au sens de l’imposition par le biais du transfert d’une parole aliénante, mais plutôt au sens d’une « nomination » provisoire, conjoncturelle, qui contient en elle-même la subversion de l’effet ce vérité qu’elle laisserait entendre, et que le sujet investit quand il ponctue d’un « je n’y avais jamais pensé ».
Constructions, encore, qui vont au devant de traces supposées -celles-ci sont souvent effacées, détruites, enkystées, on ne sait trop d’où elles viennent,… même si elles déterminent la vie d’un sujet-, traces qui ne « représentent » pas et ne sont pas à proprement parler refoulées : On ne saurait mieux dire que Freud lorsqu’il propose la métaphore du caviardage d’un texte.
« Nomination », naming, c’est ce que Lacan théorise en proposant la nodalisation boroméenne de R,S et I, et le Sinthôme [3]. Par des épissures, des raboutages, un Sinthôme, on peut espérer réparer les ratés d’un nouage – mais celui-ci restera structuralement « comme si » il était boroméen, le sujet restera quasi-boroméen [4]. Pour le nœud boroméen chacun des ronds possède cette propriété de faire advenir, par l’acte de coupure, le Réel du nœud. Et cela illustre les divers types d’interprétation, de construction, que l’analyste soutient dans son acte : par exemple, lorsque nous pensons qu’une interprétation subvertit l’imaginaire, celle-ci ne subvertit l’imaginaire qu’à la condition structurale de produire des effets sur le rapport Réel-Symbolique, et pas seulement sur I. De même, subvertir la répétition d’un signifiant, c’est-à-dire toucher le Réel, c’est nouer de nouveaux rapports entre le Symbolique et l’Imaginaire. Ce qui nous montre l’effet du Sinthôme qui s’inscrit.
Peut-être peut-on dire que le Sinthôme en tant que tel représente la sommation virtuelle de nombreuses chirurgies -au sens topologique-locales, faites une par une, au fil des séances qui mobiliseront le réel de l’effet de sens. Le sujet n’apparaît plus d’emblée comme « un » mais comme ce qu’induisent des effets partiels de sujet -dispersés, en réseaux, certains aléatoires, fragmentés,.., en sachant que des pans entiers de la psyché resteront hors de toute prise.
« Savoir y faire avec son symptôme », « se passer du nom-du-père à condition de s’en servir », c’est, nous dit Lacan, dans les cas complexes, ce qu’on peut attendre de la psychanalyse -des opérations, de la chirurgie, et pour autant qu’un Sinthôme s’inscrive, ou inscrive une nodalisation minimale [5] et partielle [6].
Mais comment susciter ce travail d’artisan lorsqu’un sujet n’a pu trouver, d’une façon ou d’une autre au cours de son histoire, une façon de faire, un « style [7] » ? (L’écriture de Joyce, qui « n’écrit » pas au sens analytique du terme, ne résume pas son Sinthôme : il y a eu Nora [8] – ; la poterie, la cuisine, ou….la psychanalyse [9] ! Peuvent aussi bien faire l’affaire [10]. Un Sinthôme, rappelle Lacan, ne s’analyse pas, ne se transmet pas -ce qu’illustre l’histoire des enfants de Joyce.
Quelle place, quelle fonction, peut alors avoir un analyste ? Ne peut-on supposer que, travaillé, plus ou moins à son insu, par les bouts de réel d’un patient particulier, il active ses propres possibilités dynamiques de nodalisation, et puisse alors participer à l’élaboration des épissures, des raboutages ? Lacan ne parle-t-il pas du virus du sinthôme et de sa contagion [11] ? Les constructions viennent à se dire dans un espace très particulier : à la fois dans une grande proximité et dans une radicale différence, au plus près d’une jouissance qui doit rester impossible, ou interdite – l’éthique spécifique de la psychanalyse s’inscrit probablement dans cet acte [12], et la différencie de toute psychothérapie [13]. Mais la mobilisation de la jouissance reste probablement un premier temps nécessaire… [14]
CLINIQUE DES MALTRAITANCES
C’est la clinique des maltraitances qui, dans nos pratiques, nous a semblé poser ces questions avec le plus d’acuité. En recevant les « maltraités », enfants ou adultes, notre but n’est certes pas de juger, mais de rendre possible un « déchiffrage » là où il n’y avait que mutilations, tentatives de meurtres du sujet, effacement de toute loi, abolition de toute parole, de tout cri.
Déchiffrer, c’est donner la mesure de ces actes destructeurs qui se transmettent sur plusieurs générations, dans le silence, la complicité et la culpabilité. C’est trouver des mots qui nomment le réel vécu (viols, incestes, tortures, interdits de penser,…), resté hors les mots, hors représentation -mais gravé à jamais. C’est encore repérer les falsifications, les palimpsestes, les désinformations, les forclusions, les scotomisations,… de la langue familiale.
C’est aussi reconstruire les scènes du réel qui ne cessent de se reproduire dans les actes, les rêves, les symptomes, les cauchemars,… et qui induisent des répétitions à plusieurs niveaux (réel, imaginaire et symbolique), sur plusieurs générations. L’état des lieux de leur vie est souvent « déprimant » – peu d’espoirs semblent réalisables parce que tout « enjeu de sujet », affectif ou autre, risque de se payer très chair/cher…
La langue qui leur parle, au cours du travail analytique, est alors une langue transmise, réécrite par le travail psychique -et non plus prise dans la mêmeté- : sachant qu’ils ont mis en scène, dans leur vie, au travers de leurs conjoints,… cette la langue muette, folle, ils ne sont plus tout à fait dupes – comme si l’écriture dans le réel allait leur faire signe et par là tenter une symbolisation.
Ces patients nous obligent à inventer, non pas la psychanalyse classique, mais un cadre d’écoute, un style, des méthodes qui permettent de faire advenir le « je où ça était ». Il leur faut bien du temps pour qu’ils émergent d’une demande subvertie par le social, le médical ou le thérapeutique -ils se sont trop souvent identifiés à un symptôme : je suis toxicomane, SDF, j’ai été battu, etc. … Frayer le chemin de l’analyse n’est-il pas alors une gageure ? Comment écouter sans devenir psychothérapeute ?
PSYCHANALYSE OU PSYCHOTHÉRAPIE ?
Rappelons que toutes les psychothérapies d’inspiration ou para-analytiques privilégient une instance : l’amour, le bien, la guérison, l’inconscient,… et elles organisent à partir de celle-ci un ordre. Elles finalisent, sciemment ou non, leur acte et leur but. Mais privilégier une instance, R,S,ou I, c’est rater le réel de l’analyse dans son caractère boroméen et en cela renforcer l’inscription du symptôme en changeant le statut de celui-ci : en l’enkystant dans le réel, en le déliant de l’hypothèse inconsciente. La « réalité psychique », tantôt c’est le corps, tantôt le réel d’un acte chirurgical, ou une chimiothérapie – tantôt les psychothérapeutes s’attachent à la communication familiale, à la transaction,.. -mais dans tous les cas, ils supposent un RSI ordonné, c’est-à-dire un nœud olympique.
Des psychanalystes finalisent eux aussi le symbolique en décrétant que tout ce qui n’est pas symbolique à leurs yeux, ou à la lecture qu’ils font de Freud et de Lacan, est de la résistance à la psychanalyse ! C’est ainsi qu’ils « réaménagent le sujet » en « ré-introduisant du père », en réifiant le Symbolique en une entité quasi autonome. Ils ont bien sur horreur du Réel qu’ils rejettent du coté du non-analytique, alors que le Réel se présente dans la cure par des effets de structure et que ce qui fait « Réel » pour un sujet donné ne l’est ni ne le sera pour un autre…(c’est ce que montrent les patients de l’ASE, les personnes polytraumatisées ou torturées).
L’analyse, ce n’est donc ni finaliser, ni ordonner comme dans un nœud olympique, mais c’est utiliser le caractère boroméen de RSI pour subvertir les effets d’organisation ou de maîtrise qui pourraient être induits. Le Réel, rappelle Lacan, n’a ex-sistence qu’à rencontrer l’arrêt du Symbolique et de l’Imaginaire -il en est de même pour chacune des autres instances arrêtées par les deux autres. On ne peut utiliser l’une des instances sans les autres : croire que nous ne sommes que dans le Symbolique ne peut que faire errer.
Utiliser le sens pour le subvertir, tout en frayant un ailleurs du coté du Réel d’un effet de sens, c’est cela qui nouera, raboutera, et surtout, au travers du travail analytique, produira, grâce au quatrième rond -le Sinthôme- la nomination des trois autres (RSI) qui restent, topologiquement, strictement équivalents.
Avec ces patients, nous avons dû sans cesse soutenir plusieurs fils avant d’entamer un travail plus classiquement analytique -mais rappelons que si, par des épissures, des raboutages, on peut espérer réparer le raté d’un nouage, structuralement celui-ci restera « comme si » il était boroméen. En ce sens, il n’y aura jamais d’analyse au sens classique du terme.
Résumons ces différents points :
1°- Il importe, chez ces patients, de déconstruire le R, le S ou le I mis dans une place prévalente par le médecin le psychothérapeute ou le travailleur social et par lequel il se parle et parle à l’autre (je suis SDF, j’ai le sida,..). Mais aussi bien déconstruire, ou dénouer, le nœud d’un pseudo-RSI (faux self..) qui est une construction Imaginaire/Réelle. Et subvertir encore des structures, des réseaux « olympiques » de pensée, de comportement, qui peuvent organiser la psyché sous forme de pseudo-psychose, par exemple, ou de psychopathie, comme l’illustrent trop souvent les théories psychothérapiques, systémique ou cognitiviste.
2°-Construire un « espace de parole », un « espace topologique », où se subvertissent tous les effets conclusifs qui font taire, ou qui enkystent le sujet dans les diverses géométries psychologiques.
3°-Soutenir les « bouts de réel » qui ont permis au patient de survivre aux traumas qu’il a subis jusqu’à ce qu’il puisse en réaménager d’autres qui soient moins contraignants, moins archaïques.
4°-Nommer, « n’hommer » dira Lacan, ce qui est dans le Réel, et ce qui serait de l’ordre du Symbolique : par exemple, en ne confondant pas le Réel de l’inceste et la loi symbolique de la prohibition de l’inceste . Ou encore, en faisant la différence entre le « tout est permis » des anarchistes, symbolique, au « tout est possible », réel, du totalitarisme fasciste décrit par H.Arendt.
5°-Déployer le roman familial sur plusieurs générations afin que le sujet réalise ce qui s’est transmis à son su/insu, en dehors de tout fatalisme du style : il bat, il a été battu…- ce qui nécessite de différencier le mode de répétition à l’œuvre.
6°-Adapter le silence, le cadre, en évitant que ce soit comme si, à son insu, on reproduisait le traumatisme de l’enfance : Interdiction de penser, d’être,… et qui empêche l’association libre. Silence qui renvoie aux maltraitances, aux incestes,…
CONCLUSION
Ces patients peuvent faire un travail analytique, ils nous montrent comment « ils savent y faire avec leur Symptôme », avec des effets de structure ; ils nous montrent aussi que, pour faire reculer le Réel, toutes les voies n’ont pas encore été ouvertes. Patients pour qui la question de la sexuation, si elle est nécessaire, n’est pas fondamentale pour l’analyse de leurs problèmes, jusque et y compris les cas d’homosexualité…
Ils nous apprennent que la pathologie déborde les cadres classiques. La classification Névrose-Psychose-Perversion reste certes nécessaire, mais elle n’est pas suffisante.
Ce que nous enseignent encore ces patients, c’est que ce ne sont pas tant les symptômes que les positions du sujet qui sont radicalement transformées – au point de pouvoir dire « je », au point que du « je » advienne là où il y avait du Réel. Ou plutôt, des « bouts de Réel », car celui-ci, non-lié, ne peut s’appréhender que par des bouts, des îlots.
Mais ceci, Lacan le rappelle, à la condition que « les analystes soient préparés à ne pas empêcher l’analyse comme processus ».
[1] S.Freud, Résultats, Idées, Problèmes, T 2, PUF, 1985.Constructions dans l’analyse, Le clivage du moi dans le processus de défense, Résultats, idées, problèmes.
[2] Ne pourrait-on proposer le terme de « traumatose » pour différencier les traumatismes relativement simples -les meilleures indications de l’analyse, rappelle Freud, des destructions traumatiques qui touchent la structure même du sujet ? Qu’on songe, par exemple, aux effets radicalement différents d’un viol et d’un inceste.
[3] Séminaires RSI, Les Non-dupes-errent, Le Sinthôme, L’Unebévue, entre autres.
[4] Ceci pose de difficiles questions par rapport au transfert : nous ne les aborderons pas ici.
[5] Ce n’est pas toujours le cas… Si l’on veut une image : un texte informatique, si on oublie de l’enregistrer, s’efface sans laisser aucune trace…Une construction peut ne pas être enregistrée . Lacan rappelle ailleurs que le signifiant n’agit que par son effet de Sinthôme – la clinique suggère qu’on puisse avoir affaire à des (pseudo-)signifiants qui restent sans effet de Sinthôme et donc ne s’inscrivent pas.
[6] La théorie de la percolation en serait une image : nous en avons parlé ailleurs.
[7] Style, dans tous les sens du mot : style, stylet, stylo,…
[8] La femme est le Sinthôme de l’homme, dit Lacan : c’est particulièrement vérifié dans l’histoire de Joyce -plusieurs facteurs peuvent sans doute concourir à la construction du Sinthôme
[9] Nous avons abordé cette question dans différents travaux sur la passe, exposés dans les journées de travail des Cartels Constituants de l’Analyse Freudienne ou de l’Interassociatif.
[10] Il ne suffit pas, comme cela a pu se faire, de proposer de la pâte à modeler, des pinceaux, ou un atelier-cuisine à un patient pour qu’il trouve et construise un Sinthôme…
[11] Lacan rappelle qu’un signifiant n’opère que par son effet de Sinthôme : plutot que parler de « signifiants dans le Réel », ne pourrait-on dire, en accord avec la clinique, que le signifiant a deux versants : l’un, classique, du coté du symbolique, l’autre du coté du Sinthôme comme fonction nodalisante, ou nominante. Certains « signifiants » auraient, en quelque sorte, perdu leur fonction nominante, et resteraient inopérants par rapport au réel où ils ne pourraient faire « trou ». A l’inverse, des « traces » dans le réel porteraient la potentialité d’une nomination, seraient en attente d’une inscription nominante -quitte à rentrer, à un autre niveau et dans un second temps, dans le jeu des mécanismes inconscients, ou dans la nodalisation RSI. La difficulté à penser les choses vient en partie de ce que c’est le nom qui fait apparaître la trace qui, pourtant, lui préexiste. Traces qui portent sur plusieurs générations – l’hérédité, dit Freud.
[12] On pourrait en rapprocher l’acte de peindre, où l’effervescence inventive est au plus près de la jouissance ET d’une inscription qui vient immédiatement la barrer, la réduire, ou la transformer.
[13] Les textes de J.Bigras, plus particulièrement « Ma vie, ma folie » viennent en témoigner, ainsi que certaines passes.
[14] Il serait intéressant de préciser les rapports entre cette jouissance et le transfert, d’une part, et avec le sens, d’autre part (cf. les trois lieux de la jouissance dans le nœud boroméen : Jouissance phallique, de l’Autre, et jouis-sens).